Une pièce qui a traversé les époques
La 22ème représentation de Dom Juan a été merveilleusement interprétée au TNP de Villeurbanne. Cette œuvre insolente, connue de toutes les générations et écrite par Molière, pilier de la langue française, est mise en scène par Olivier Morin.
Pour cette représentation, Olivier Morin en a fait voir de toutes les couleurs au public, en changeant moult fois de décor durant la pièce. Cela permettait de faire comprendre au public que la scène se passe dans une forêt, dans une maison… Cependant, un élément de décor resta tout le long de la pièce : un drap. Ce drap, tendu sur toute la hauteur de la scène, était peint en bleu avec des nuances de blanc. Cela représentait le ciel, la religion, qui permettait au public de comprendre que Dom Juan était toujours symboliquement en révolte avec la religion partout où il allait. Ce drap translucide permettait de délimiter la scène en deux espaces. Les comédiens faisaient leur arrivée soit par les escaliers situés sur les côtés des gradins, soit par les couloirs par lesquels entrait le public. Cela créait une proximité entre le public et les comédiens car, pour les mieux placés, les comédiens passaient à quelques centimètres d’eux.
Les comédiens, par leur jeu exceptionnel, n’ont fait qu’ajouter à l’efficacité de cette pièce. On peut souligner la performance de Mickael Pinelli Ancelin (Sganarelle) qui a été spectaculaire. Ce dernier était parfaitement dans son rôle : il n’était plus Mickael, il était Sganarelle ! On sentait son désir de vouloir copier Dom Juan et de vouloir paraître important, comme par exemple dans la première scène où il tenait un discours engagé pour défendre le tabac. Avec ses mimiques très expressives et ses déplacements incessants, la salle était hilare à chacune de ses répliques. Et que dire d’Arthur Fourcade (Dom Juan) qui a été étincelant dans ses mensonges d’amour et dans son ultime mensonge, celui où il fait croire à son père qu’il s’est reconverti dans la religion !
Cette pièce intergénérationnelle a été fabuleuse. Le décor était à chaque fois en rapport avec la scène jouée, le public n’était donc jamais perdu. Ajoutez à cela de superbes comédiens vêtus de fabuleux costumes, un excellent ingénieur son et lumière, et vous obtiendrez la recette miraculeuse qu’a utilisée Olivier Morin pour mettre en scène cette pièce !
Le Progrès littéraire